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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 11:38
Le conflit israélo-palestinien est à plus d'un titre un "conflit exemplaire" de par sa persistance dans le temps, son internationalisation et le symbole qu’il représente en termes de violence physique et psychique dont sont victimes Palestiniens et Israéliens.
 
Cependant, alors que l’encre et les larmes n’en finissent de couler, le 7ème art arrive à la rescousse et tente de transcender les frontières apparemment infranchissables entre juifs Isréaliens, Arabes israéliens et Palestiniens. En jouant sur divers ressorts émotionnels, toutes ces tentatives nourrissent l’espoir de faire émerger de l’empathie et plus d’humanité entre ces populations mais plus largement entre nous tous individus qui sommes parfois tentés d’accuser l’une ou l’autre partie, de condamner, de mépriser voire de  haïr, au profit d’idées, d’idéaux, de convictions. Le cinéma est ainsi là pour nous rappeler que nos existences et nos identités sont bien plus complexes que nos esprits ne veulent bien l’admettre !
 
  
Amour…
...אהבה  
...حب
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Amour toujours…Le dernier film en date de Lorraine Lévy « Le fils de l’Autre », a réussi un coup de maitre en la matière en imaginant une situation pour le moins tragique où deux bébés auraient été échangés par inadvertance lors d’un bombardement à Haifa, échange malheureux et révélé  aux deux familles israélienne et palestinienne presque deux décennies plus tard. De quoi bousculer les clivages identitaires !  
Mais l’amour maternel n’est pas le seul à estomper les antagonismes. Le film d’Eytan Fox, « The Bubble », raconte l’histoire (impossible ?) entre deux jeunes hommes, Noam, Israélien et Ashraf, Palestinien. Une rencontre fortuite à un check point, alors que leurs enfances respectives ont parcouru les mêmes rues de Jérusalem. Un rêve (rave…) partagé par une jeunesse pacifique vivant dans la bulle de Tel Aviv. Une réalité funeste qui les rattrape tous…jjjjj
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...رغبة  
Désir…
    ...תשוקה  
 
Désir…Avez-vous dit désir ? Le documentaire choc de Yolande Zauberman et du journaliste et écrivain Sélim Nassib pose une question, certes abrupte voire naïve, mais qui a le mérite d’amener la réflexion  sur des terrains encore inexplorés : « Would you sleep…with an Arab ? » Ici, c’est de désir dont il est question ! Si ce conflit interminable ne se résoudra surement pas au lit, comme le dit justement une des personnes à qui la question a été posée, le désir est présenté comme un vecteur de conciliation momentanée entre deux personnes et surtout une émotion au sein de laquelle certaine conviction, croyance, préjugé peuvent perdre leur sens. Question universelle qui permet de réfléchir également sur la notion d’ennemi, et la construction d’une telle figure qui finit par anéantir l’humain qui s’y cache derrière.
 
 
   
 
 
      ...הומור            

...فكاهة 

Humour...

 
Et l’humour dans tout ça ? Vanessa Rousselot semble incalable sur le sujet, surtout après avoir arpenté les routes de Cisjordanie, à la recherche de blagues palestiniennes. Et le résultat est déroutant. Car l’humour n’a pas de frontière, il n’épargne rien sur son passage. Tout le monde y passe, les Hébronites, Israélien, Arafat, les check point…Mais, le plus étonnant est finalement l’auto-dérision et la force de rire de son propre malheur: "Notre situation tout entière est une blague". "Blague à part", c'est le cas de le dire.وأنت هل بتعرف نقطة فلسطينية ؟
 
 
Mais la réalisatrice française n’est pas la seule à avoir compris la puissance de l’humour. Sayed Kashua, journaliste Arabe israélien le manie également avec une grande finesse dans sa série arabophone qui fait un carton en Israël : « Arab Labor » (شغل عربעבודה ערבית,  )"Travail d’Arabe ", voire "travail de merde ") et hop, le ton est donné. Amjad, journaliste arabe israélien plutôt médiocre est devenue une véritable star. Homme heureux, fragile, omnibilé par sa double identité, son désir d’intégration dans la société israélienne et  sa crainte de trahir le peuple palestinien, il souffre de la « pathologie arabe-israélienne ». Ses tentatives désespérées de camoufler son identité arabe sont la cible des moqueries de sa femme et de sa fille qui le taquinent affectueusement. Mais c’est sans compter sur les comportements de son père, qui le grillent à chaque fois qu’il semble réussir ses multiples opérations de camouflage ! Comme le dit Sayed Kashua, en parlant de « l’humour de la minorité » : "Ne me tirez pas dessus, je peux être drôle". Avec un pistolet sur la tempe !
     

 
 

Bref tour d’horizon cinématographique…Grand bol d’air frais, loin des images chocs des journaux télévisés et des discours politiques…

Avis de recherche : n’hésitez pas à poster d’autres exemples…

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 15:57
 
  
 « Maintenant que j’ai commencé cette vie qui aurait du être la tienne,
je dois la réussir pour que tu sois fier de moi »
 
 
http://www.duic.nl/wp-content/uploads/2012/07/le_fils_de_lautre.png
 
Deux enfants échangés à la naissance, quatre parents déroutés par cette nouvelle qui vient déstabiliser l’équilibre  familial, et une confrontation avec la réalité de « ces autres » si différents et pourtant devenus si familiers…Non, il ne s’agit pas du classique d’Etienne Chatiliez ! Car de burlesque, il n’y a pour ainsi dire rien, si ce n’est l’annonce maladroite du nouveau directeur de l’hôpital, qui se décharge immédiatement de la responsabilité de cette « serious error » (grave méprise).
Une histoire d’identité à concilier, d’amour à partager  dans le contexte explosif  du conflit israélien. Que faire quand le fils que l’on a chéri pendant presque 18 ans s’avère être le fils de l’ennemi ?
D’un côté, Orith et Alon Silberg, couple franco-israélien de Tel Aviv, de l’autre, Leïla et Saïd Al-Bezaaz, couple palestinien d’un village de Cisjordanie. L’évènement déclencheur : un bombardement à Haïfa, qui 17 ans auparavant, a chamboulé l’hôpital dans lequel naissent Joseph et Yacine.
Ce film de la réalisatrice française Lorraine Lévy subjugue, provoque, déconstruit et redessine les personnages, leur identité et l’histoire de deux peuples en guerre. Un appel à transcender l’évidence de la guerre, à percer du regard cette réalité palpable pour entrevoir les fils invisibles qui tissent les corps et les cœurs de ces protagonistes pourtant divisés par les murs de la haine, de la rancœur et de la violence. Car la guerre, c’est la fin de l’indifférence et le début d’une intimité pénétrante, parfaitement symbolisée dans ce film : « J’ai porté en moi l’enfant que tu as aimé et élevé pendant 17 ans ».
L’ennemi est omniprésent à tel point qu’il en devient familier et finit par s’inviter à la table ! Omniprésent pour Alon, militaire de la Hagannah et pour Saïd, ingénieur devenu garagiste car contraint de travailler dans son village. Omniprésent car le fils que l’on croyait sien devient « le fils de l’autre » et que dès lors, il n’est plus possible de nier le lien indestructible qui nous unit  à celui qui, jusqu’à présent, représentait l’ennemi par excellence.
Cette révélation porte chacun à remodeler sa propre identité, à réinterpréter de façon plus consensuelle notre existence et à réfléchir sur le sens que nous donnons à une culture, une foi, des convictions qui nous semblaient allées de soi. Inévitablement, et avec une douleur certaine, les protagonistes de ce film se voient contraints de reconsidérer la place accordée à l’autre au sein de son être et de son territoire. Lorraine Lévy recrée ainsi des frontières par essence franchissables là où s’était érigé un mur, mur de protection à travers lequel aucune empathie ne pouvait transparaitre.
Car il ne s’agit plus ici d’un conflit opposant le bien au mal, où chaque partie revendique le monopole de la justice et se dispute le statut de victime.  Les jugements qui s’acharnent à transposer une réalité en noir et blanc plus supportable pour l’esprit s’estompent au profit d’une empathie généreuse, nuancée qui soulage le cœur, l’allège du lourd poids de la haine. Mais ce travail empathique n’est pas sans difficulté et les protagonistes, chacun à leur façon prisonnier de leurs propres préjugés, tentent tant bien que mal de redessiner les contours de leurs identités individuelles et collectives.
Des relations entrecroisées se tissent ainsi au fil de l’histoire. Au sein de ces deux familles, ce sont d’abord Orith et Leila qui rappellent la capacité merveilleuse des femmes  à transcender les antagonismes stériles. Véritables médiatrices entre les deux familles alors que les deux patriarches semblent beaucoup moins enclin à dépasser les clivages politiques qui les opposent.  La relation qui unit ces deux femmes est d’autant plus touchante qu’elles doivent toutes deux faire face au refus de leur mari respectif de prendre en compte cette nouvelle donne.
En effet, comme l’écrit si bien Françoise Héritier, la femme possède cette qualité inhérente de partager son corps avec un autre et de reproduire l’identique et le différent. Cette expérience exclusivement  féminine laisse penser que les femmes, et c’est ici le cas de Leila et Orith, disposent de cette souplesse d’esprit et de corps, qui leur permet de poser la question de l’identité de façon moins conflictuelle et de réconcilier les contraires. Ainsi, cette réconciliation passe au travers d’une communication verbale et corporelle affectueuse alors même que les deux hommes semblent souffrir de leur incapacité à échanger avec l’autre une parole ou un regard.
L’émotion nait également de la tension existant entre la volonté progressive des deux familles d’accepter la nouvelle identité de Yacine, né juif et grandi en tant que palestinien et Joseph né palestinien et éduqué dans la tradition juive, et le refus d’assumer ces nouvelles identités à l’extérieur du cercle restreint de la famille. Ainsi, une double réalité se crée puisque les deux familles s’astreignent à préserver ce secret afin de ne pas subir les regards inquisiteurs et les jugements acerbes des sociétés dans lesquelles ils vivent.
Mais, le jeu d’identité est encore plus subtil et étonnant pour les deux garçons qui, en proie à ce bouleversement identitaire, réussissent ensemble à intégrer ce nouvel élément de leur individualité, alors que leur environnement social rechigne à prendre en compte la complexe dualité qui les caractérise désormais. Joseph doit affronter le jugement du rabbin qui lui demande de se convertir au judaïsme alors que sa judaïté avait été jusqu’alors une constante qui donnait du sens à son existence. Quant à Yacine, il doit faire face aux violentes émotions de son grand frère Bilal qui, bouleversé par la nouvelle,  lui reproche sa judaïté et son appartenance au clan ennemi.
Lorraine Levy témoigne finalement de la capacité insoupçonnée de l’esprit humain à développer une puissante empathie et une affection sans limite à l’endroit même où prédominaient haine et méfiance, à recréer des identités ouvertes sur l’autre là où les préjugés avaient construits des frontières linéaires infranchissables.
Sans pour autant être angélique, ce film rappelle que l’humain, dans des situations apparemment inextricables, est en mesure de surmonter ce qui nous semble insurmontable, si toutefois il accepte d’ouvrir la porte à l’altérité qui siège en lui.  Si cela  nécessite un courage certain, la récompense en retour est inestimable.  
Un film plein d’espoir  et profondément humain.
 
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